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Un scandale de faux documents révèle les efforts israéliens pour saper les négociations de cessez-le-feu

Un scandale autour de documents fabriqués qui auraient été divulgués par un assistant de Benjamin Netanyahu a révélé les efforts d’Israël pour saboter les négociations de cessez-le-feu à Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu assiste à une réunion du cabinet au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 20 août 2023. (Photo : Bureau du Premier ministre israélien/APA Images)

Les services de renseignements intérieurs israéliens ont arrêté quatre Israéliens, dont l’un travaille au bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusés d’avoir divulgué et falsifié des documents classifiés concernant la guerre en cours à Gaza, a révélé un tribunal israélien ce week-end.

Les documents fabriqués, qui auraient été divulgués par l’un des conseillers de Netanyahou, ont été faussement attribués à l’ancien chef du Hamas, Yahya Sinwar. Les révélations de ces récentes fabrications contredisent les allégations de la propagande israélienne selon lesquelles le Hamas aurait fait preuve d’intransigeance dans les négociations de cessez-le-feu tout au long de la guerre, en particulier lors du dernier cycle de négociations au cours de l’été. Au cours de ces négociations, Netanyahou avait insisté sur le fait qu’Israël devait maintenir une présence militaire permanente le long du corridor de Philadelphie, une bande de terre bordant Gaza et l’Égypte, car il prétendait que le Hamas l’utilisait pour faire passer des armes et des fournitures. À peu près au même moment, les documents divulgués affirmaient à tort que le corridor de Philadelphie devait être utilisé par le Hamas pour faire sortir clandestinement des prisonniers israéliens de Gaza aux côtés de Sinwar.

Selon les médias israéliens , le principal suspect dans l’affaire des fuites, Eli Feldstein, travaille comme porte-parole du bureau de Netanyahou. Le bureau du Premier ministre israélien a d’abord nié que l’un de ses membres ait été arrêté dans le cadre de cette affaire, avant de préciser que Feldstein n’est pas un employé officiel mais un entrepreneur privé qui travaille avec Netanyahou depuis un an et demi. Cette précision est intervenue après que les médias israéliens ont montré des images et des séquences de Feldstein accompagnant Netanyahou lors de réunions gouvernementales et lors de visites sur le terrain de sites militaires sensibles.

Ces récentes révélations apportent une preuve supplémentaire que ce n’est pas le Hamas qui a fait obstacle au cessez-le-feu cet été, mais l’intransigeance de Netanyahou.

Sabotage des négociations de cessez-le-feu

L’affaire des fuites a été classée par la censure militaire israélienne jusqu’à ce que le tribunal israélien révèle le nom du principal suspect. Selon les rapports israéliens qui ont suivi l’assouplissement de la censure, des documents hautement confidentiels acquis par l’armée israélienne à Gaza ont été mal cités, mal attribués et divulgués de manière sélective aux médias, en même temps que des informations fabriquées de toutes pièces, d’une manière qui a servi l’objectif de Netanyahou de saboter un éventuel accord de cessez-le-feu et d’échange de captifs, au service de son programme de prolongation de la guerre.

Les informations divulguées incluaient des allégations de preuves documentées selon lesquelles le Hamas ne voulait pas d’accord de cessez-le-feu et que son chef, Yahya Sinwar, se préparait à sortir clandestinement de Gaza avec des prisonniers israéliens par le corridor de Philadelphie, duquel Netanyahou refusait à l’époque de se retirer dans le cadre d’un éventuel accord de cessez-le-feu. Ces allégations étaient basées sur des citations modifiées de documents classifiés obtenus par l’armée israélienne à Gaza, qui ont été à leur tour faussement attribuées à Sinwar.

Les informations fabriquées et divulguées ont été rapportées par le journal britannique The Jewish Chronicle et le journal allemand Bild , qui ont également rapporté, sur la base des informations divulguées, que le Hamas ne s’engageait dans des pourparlers de cessez-le-feu que comme une forme de guerre psychologique.

Les articles parus dans The Jewish Chronicle et Bild ont été publiés en juillet, à peu près au même moment où Netanyahou insistait sur la nécessité pour Israël de maintenir le contrôle du corridor de Philadelphie, contre l’avis des responsables de l’armée israélienne et des services de renseignements israéliens. C’est cette intransigeance de la part de Netanyahou qui a provoqué l’échec des négociations de cessez-le-feu. Les négociations n’ont pas repris depuis.

Réactions

Les réactions de la scène politique israélienne ne se sont pas fait attendre. Le chef de l’opposition israélienne Yair Lapid a déclaré dans une déclaration télévisée que la nouvelle des fuites devrait « effrayer tous les Israéliens », soulignant que « si Netanyahou était au courant [des fuites], il est alors complice de l’un des crimes les plus graves de nos lois ». L’autre chef de l’opposition israélienne et ancien membre du cabinet de guerre, Benny Gantz, a également déclaré dans un communiqué que l’affaire « ne concerne pas seulement la fuite de documents, mais la vente de secrets d’État à des fins politiques », ajoutant que « si des informations sensibles en matière de sécurité ont été volées et utilisées pour la campagne d’un politicien, alors ce n’est pas seulement un crime pénal, mais un crime contre la nation ».

Bien qu’aucune accusation formelle n’ait été portée contre Netanyahou personnellement, des sources médiatiques israéliennes affirment que ces fuites font partie d’une politique officieuse menée par le cercle intime de Netanyahou. Le quotidien israélien Yediot Ahronot cite un haut responsable de la sécurité israélienne qui a souhaité garder l’anonymat et qui affirme que le bureau de Netanyahou dispose d’une équipe entière qui travaille secrètement à la fuite d’informations chaque fois que la pression s’accroît sur le Premier ministre pour qu’il conclue un accord de cessez-le-feu.

Ces fuites ont été perçues par certains analystes comme faisant partie d’un affrontement en cours entre le gouvernement de Netanyahu et l’armée israélienne, qui plaide de plus en plus en faveur de la fin de la guerre sur les fronts de Gaza et du Liban et de la conclusion d’un échange de prisonniers, tandis que Netanyahu continue d’insister pour prolonger la guerre.