Colmar, le 19 septembre 2024.
A
Mesdames et Messieurs les député(e)s
Des Départements du Haut-Rhin et Bas-Rhin
Madame, Monsieur,
Le 7 octobre 2023, à l’aube, les combattants du Hamas ont forcé la «barrière de sécurité» qui, depuis plus de 16 années, imposait un siège sans précédent aux plus de 2 millions de Palestiniens, population captive et coupée du reste du monde, réfugiée sur sa propre terre.
En Israël, cette attaque sanglante a fait près de 1 200 victimes et 251 personnes ont été emmenées comme otages.
Le chef du gouvernement israélien a juré de venger ces morts et d’anéantir le Hamas et, en réponse immédiate, Israël a lancé des frappes aériennes, suivies d’une offensive terrestre à grande échelle à partir du 27 octobre.
Depuis le 27 octobre 2023, Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite «liquide le Hamas»… et, dans la bande de Gaza le gouvernement israélien et son armée, se livrent à un génocide.
Il y a ces enfants, ces femmes, ces vieillards qui meurent sous les bombes, ensevelis sous les décombres de leurs maisons et qui, sans sépulture, pourrissent et deviennent invisibles. Il y a ceux qui sont assassinés, que l’on retrouve et qui ont droit à une tombe, ce sont ceux que l’on compte. Il y a ceux que l’on fait mourir de faim et de soif, ceux qui ne peuvent plus être soignés parce qu’il n’y a plus rien pour les soigner. Ceux qu’une épidémie a dévorés et ceux que l’on vaccine avant de lâcher des bombes sur leurs abris de fortune.
Après une année de barbarie, de massacres et d’assassinats, les morts ne se comptent plus dans la bande de Gaza, ce territoire où l’on bombarde même les cimetières ! D’ailleurs, à quoi bon compter, il y a dans le mot «génocide» une insoutenable odeur de mort.
En Cisjordanie, Israël a lancé une opération militaire d’envergure, soutenue par les centaines de colons armés par le scélérat Ben Gvir et décomplexés. En Cisjordanie, Israël détruit maisons et infrastructures publiques, brûle champs et oliviers, expulse, emprisonne, assassine les Palestiniens. En un an, plus de 700 Palestiniens ont été tués et 10 000 arrêtés. Les prisons israéliennes regorgent d’hommes, de femmes et d’enfants qui meurent sous la torture physique et psychologique, qui meurent de faim ou par manquent de soins.
Liquider le Hamas…liquider les Palestiniens… Est-ce ainsi, par la violence et la barbarie uniquement, que l’on mettra fin à la question palestinienne ?
Est-ce avec l’aide du silence des médias occidentaux que notre gouvernement pense passer outre ?
C’est avec des «trop peu», des «trop tard», ou des thèses telles que «Israël a le droit de se défendre» ou «le Hamas est seul responsable de cette situation» ou des vœux pieux qui sonnent faux que notre Président de la République justifie chaque violation du droit humanitaire, chaque violation du droit international, chaque massacre, chaque assassinat perpétré par l’Etat d’Israël.
La France officielle est complice de ce qui se passe à Gaza. En justifiant ainsi le génocide en cours, elle a accordé tous les arguments qui servent à blanchir le gouvernement de Benyamin Netanyahou.
La France d’Emmanuel Macron n’a pris aucune mesure concrète pour stopper l’offensive. Les sanctions économiques, les mesures symboliques d’invisibilisation du drapeau, le boycott sportif pour les Jeux olympiques, la question des armes, tout cela n’est bon que contre la Russie. Face à Tel-Aviv, l’imagination fait défaut.
À ce jour, la diplomatie française n’a pas cru bon de réagir à l’ordre de la Cour Internationale de Justice.
Il a fallu quatre jours et quelques massacres supplémentaires pour que le chef de l’État évoque, sans le commenter, l’ordre de la plus haute instance judiciaire internationale, dont les décisions sont contraignantes pour les pays de l’ONU. Pour tous les pays sauf Israël, qui fait fi du droit international comme humanitaire. Pour tous sauf ses alliés, comme les États-Unis mais aussi la France, dont la complicité dans le génocide en cours est accablante.
Il faudra plus que quelques appels tardifs, purement déclamatoires, au cessez-le-feu.
Il faudra plus que quelques votes aux Nations unies sur l’admission de la Palestine, qui se sont accompagnés d’un refus de reconnaître l’État palestinien.
Il faudra plus que le communiqué verbeux du Quai d’Orsay sur la proposition du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer des mandats contre des dirigeants israéliens et palestiniens, accompagné de circonvolutions laissant entendre qu’Israël pourrait poursuivre les crimes commis par son armée.
Que peut faire la France pour faire pression sur Israël afin qu’il arrête ses opérations dans la bande de Gaza et la Palestine toute entière ?
35 % des exportations israéliennes sont destinées à l’Europe. Ce levier économique n’est même pas agité.
Il en va de même pour l’arrêt des livraisons d’armes, de composantes de fabrication ou de munitions.
Pas la moindre velléité non plus de faire respecter le droit international, en sanctionnant les entreprises françaises qui, comme Carrefour ou Alstom, sont présentes dans les territoires occupés.
Tel-Aviv demeure également un partenaire sécuritaire de Paris. Ne citons que les caméras de surveillance munies de logiciels de reconnaissance faciale utilisées pour les JO.
Au niveau de l’Union européenne, Paris s’oppose à ceux qui veulent suspendre les accords d’association avec Israël.
Et n’oublions pas les amendes, les gardes à vue, la répression constante de tous les soutiens au peuple de Palestine.
Seules des mesures concrètes qui feraient payer à Israël le prix de son aventure sont capables d’infléchir la stratégie de massacre de son armée.
Gaza est un scandale et un déshonneur historique dont on évite de parler dans notre pays. On voudrait le passer sous silence, l’étouffer sous une chape de plomb.
Pourtant, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide fait obligation à tous les États signataires de prendre des mesures pour « prévenir un génocide en cours », même quand celui-ci ne se déroule pas sur leur territoire. En s’y refusant, la France, pays signataire, s’expose à être poursuivie pour ses manquements.
Madame, Monsieur, à l’heure où les extrêmes droites nourrissent, par tous les moyens, les relents identitaires d’électeurs nostalgiques de la grandeur d’antan, il n’existe qu’une seule manière d’être du bon côté de l’Histoire : prendre effectivement partie pour arrêter le premier génocide du XXIe siècle.
De quel côté de l’histoire vous trouvez-vous ? Laisserez-vous impunément Israël enflammer toute la région ? La Palestine a besoin de vous pour être reconnue ! Le Moyen Orient a besoin de vous pour sortir de cette logique guerrière !
Très cordialement.
Pour l’AFPS Alsace, la Présidente,
Mireille PELKA