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«C’est une seconde naissance pour moi» : un sixième groupe de prisonniers palestiniens libérés alors que l’accord de cessez-le-feu ne tient qu’à un fil

Photo titre : Des prisonniers palestiniens libérés sont accueillis par des proches à leur arrivée dans la bande de Gaza après avoir été libérés de la prison israélienne, Khan Younis, le 15 février 2025. (Photo : Ali Hamad/APA Images)

À la suite de tensions qui menaçaient de faire échouer un cessez-le-feu précaire, le Hamas a libéré trois prisonniers israéliens après avoir reçu des médiateurs la garantie qu’Israël respecterait les stipulations humanitaires de l’accord de cessez-le-feu.

La sixième vague d’échanges de prisonniers entre Israël et le Hamas s’est déroulée comme prévu samedi après une semaine d’incertitude et d’intenses efforts diplomatiques de la part des médiateurs américains, égyptiens et qataris pour sauver l’accord de cessez-le-feu.

Lundi dernier, le Hamas a annoncé qu’il suspendrait la libération des prisonniers israéliens à Gaza en réponse à « l’obstruction d’Israël au protocole humanitaire de l’accord de cessez-le-feu ». Le porte-parole militaire du Hamas, Abou Obaida, a déclaré que le retard d’Israël à autoriser d’importants matériaux de reconstruction à Gaza était une violation des stipulations de l’accord de cessez-le-feu et « une nouvelle guerre contre le peuple palestinien ».

Après une réunion urgente du cabinet qui a duré quatre heures à la suite de la déclaration du Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël considérerait l’accord de cessez-le-feu comme nul et non avenu si le Hamas ne libérait pas le prochain groupe de captifs.

À Washington, le président Donald Trump a déclaré que « l’enfer éclaterait » si le Hamas ne libérait pas les prisonniers israéliens d’ici samedi à midi. L’ultimatum de Trump était remarquable en ce sens que sa formulation impliquait que le Hamas devrait libérer tous les prisonniers israéliens restants samedi, une exigence en contradiction directe avec les termes du cessez-le-feu que l’administration Trump avait poussé Israël à accepter avant son investiture. Selon les rapports israéliens, en effet, Netanyahou avait, lors des pourparlers de cessez-le-feu, exigé la libération hebdomadaire progressive des captifs.

À la suite des menaces de démantèlement du cessez-le-feu, les médiateurs qataris et égyptiens auraient intensifié leurs communications mardi et mercredi pour résoudre la crise. Mardi, l’envoyé américain Steve Witkoff est arrivé en Israël pour discuter avec des responsables israéliens de la poursuite de la phase actuelle du cessez-le-feu et du début des pourparlers sur la deuxième phase, qui verrait probablement la fin permanente de la guerre.

Le Hamas a accusé Netanyahu de retarder les négociations sur la deuxième phase des pourparlers, qui devaient commencer la semaine dernière, pour éviter de mettre fin à la guerre, ce qui provoquerait l’effondrement de son gouvernement d’extrême droite.

« L’occupation sioniste se soustrait à ses obligations en vertu de l’accord de cessez-le-feu », a déclaré Ismail Radwan, haut dirigeant du Hamas et membre du politburo, à Mondoweiss. « L’objectif de l’occupation est d’aggraver les souffrances qu’elle a créées par sa guerre génocidaire contre notre peuple. »

Le responsable du Hamas a fait référence à un certain nombre de violations israéliennes de l’accord de cessez-le-feu, notamment l’ouverture du feu sur les Palestiniens, l’obstruction au retour des déplacés vers le nord, l’empêchement et le retard de l’entrée de l’aide, et un certain nombre d’autres violations que le Hamas a documentées et envoyées aux médiateurs qataris et égyptiens. Drop Site News a obtenu une copie de la liste des violations, qui comprenait des « violations politiques » sous la forme de déclarations du Premier ministre Benjamin Netanyahu approuvant le plan de Trump de nettoyage ethnique de la bande de Gaza.

Jeudi, le Hamas a annoncé que des médiateurs avaient contraint Israël à respecter les termes du protocole humanitaire du cessez-le-feu. Selon certaines informations, des quantités limitées de machines lourdes, de tentes et de maisons mobiles préfabriquées ont commencé à arriver progressivement du côté israélien de la frontière avec Gaza. Cependant, aucune source officielle n’a confirmé si une aide avait commencé à arriver. Vendredi, le Hamas a annoncé les noms des trois prisonniers israéliens qui doivent être libérés. L’échange s’est déroulé comme prévu samedi.

Iair Horn, l’américano-israélien Sagui Dekel-Chen et le russo-israélien Sasha (Alexander) Troufanov, libérés par le Hamas dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu avec Israël, Khan Younis, 15 février 2025. (Photo : Ali Hamad/APA Images)

Libération de prisonniers palestiniens

Dans le cadre de la plus grande libération de prisonniers palestiniens depuis le début de l’accord de cessez-le-feu, Israël a libéré à Gaza 333 Palestiniens capturés dans la bande de Gaza après le 7 octobre 2023. Il a également libéré sept prisonniers palestiniens de Jérusalem et 29 autres de Cisjordanie. Le groupe comprend 36 Palestiniens qui ont été condamnés à la prison à vie. Seuls neuf des prisonniers libérés ont été transférés à Ramallah et 24 ont été expulsés.

Samedi à midi, les Palestiniens se sont rassemblés au Palais de la Culture de Ramallah pour accueillir les prisonniers libérés. L’unique minibus portant le logo de la Croix-Rouge internationale s’est dirigé vers l’entrée du Palais de la culture au milieu d’une foule de familles de prisonniers et d’équipes de médias. Les prisonniers libérés ont été transportés par la foule en liesse dans le bâtiment, où ils ont subi des examens médicaux. La Société du Croissant-Rouge palestinien a déclaré qu’elle avait transféré quatre des prisonniers libérés à l’hôpital en raison de leur mauvais état de santé.

Des prisonniers palestiniens libérés accueillis par des proches à leur arrivée au Palais de la Culture de Ramallah après leur libération d’une prison israélienne, le 15 février 2025. (Photo : Qassam Muaddi/Mondoweiss)

Vêtus par l’administration pénitentiaire israélienne de sweat-shirts blancs marqués d’une étoile de David bleue et d’une inscription en arabe sur laquelle on pouvait lire : « Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas », les prisonniers libérés ont embrassé les membres de leur famille au milieu de chants pour Gaza et en soutien à la résistance. Une famille, la belle-mère du prisonnier libéré Amir Abu Raddaha, a fondu en larmes devant la mauvaise santé de son gendre. « Ce n’est pas lui, ce n’est pas Amir », a-t-elle dit à Mondoweiss.

Abu Raddaha avait passé 27 ans dans les prisons israéliennes avant d’être libéré. Sa nièce, qui ne l’avait jamais rencontré en personne, a déclaré à Mondoweiss que « des membres de la famille lui ont rendu visite en prison et lui ont dit qu’il était fort et grand, pesant plus de 90 kilogrammes. Et c’est à cela qu’il ressemble sur ses photos de prison.

Abu Raddaha semblait mince et frêle et avait considérablement vieilli. Lorsqu’il est entré dans le bâtiment du Palais de la Culture, il a eu du mal à s’asseoir pour l’examen médical.

« Nous avons été maintenus dans des conditions très difficiles. Je ne peux pas l’expliquer, et je préfère ne pas en parler. Je suis juste heureux d’être libre maintenant. C’est une seconde naissance pour moi », a déclaré Abu Radaha aux médias.

Un autre prisonnier palestinien libéré, Mousa Sarahneh, n’a pas pu marcher seul et a été transporté dans une ambulance à la suite de la visite médicale : « Les jours qui ont suivi le 7 octobre ont été les plus difficiles. Ce n’était que de la douleur, mais tout a disparu dès que j’ai vu mon peuple ici », a déclaré Sarahneh, 54 ans, qui a été arrêté pendant la deuxième Intifada et a passé 24 ans dans les prisons israéliennes. « Nous avons été battus tous les jours, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, tout s’est bien passé”, a-t-il ajouté, refusant de donner plus de détails.

Des prisonniers palestiniens libérés accueillis par des proches à leur arrivée au Palais de la Culture de Ramallah après leur libération d’une prison israélienne, le 15 février 2025. (Photo : Qassam Muaddi/Mondoweiss)

Tard samedi, le président Trump a déclaré dans un message sur sa plate-forme Truth Social qu’Israël devrait décider quoi faire de la date limite qu’il avait donnée, en référence à sa déclaration selon laquelle le Hamas devrait libérer tous les prisonniers israéliens d’ici samedi. Trump a ajouté que les États-Unis soutiendraient Israël dans toute décision qu’il prendrait.

L’ancien ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui avait démissionné du cabinet pour protester contre le cessez-le-feu, a appelé Netanyahu à « cesser de manquer des occasions », car « tous les captifs n’ont pas été libérés et il est temps de déchaîner l’enfer sur le Hamas ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a appelé à une réunion du cabinet à Jérusalem, une décision inhabituelle un samedi, selon des rapports israéliens.

Pendant ce temps, les familles des prisonniers israéliens se sont adressées à Netanyahu dans un communiqué samedi soir, soulignant que « nous ne vous permettrons pas de saboter la deuxième phase [des pourparlers de cessez-le-feu] et de retourner à une guerre injustifiée ». Les familles des prisonniers se sont également adressées à Trump, notant que « Netanyahu a promis à Smotrich [le ministre israélien des Finances d’extrême droite, qui est également opposé au cessez-le-feu] de retourner à la guerre, et nous vous demandons de faire pression sur tout le monde ».

MONDOWEISS – Qassam Muaddi – le 15 février 2025