Le contexte des réfugiés palestiniens en
Syrie
Retour aux sources
1850/1947
La
colonisation de la Palestine depuis l’Europe débute.
C’est une colonisation de peuplement, qui a pour
objectif de remplacer la population autochtone par
une population issue des puissances coloniales.
Après la chute de l’empire ottoman, les mêmes
puissances se partagent la région, fracturant des
populations auparavant unies entre elles par de
multiples liens. Dans le même temps elles
continuent d’encourager la colonisation. (Déclarations
Cambon & Balfour – Accords Sykes-Picot)
1947/48
Le nettoyage ethnique qui
accompagne la création de l'état d'Israël entraîne
l'exode par la terreur de plus de 700 000
Palestiniens (sur les 900 000 présents sur le
territoire conquis). Ils deviennent des réfugiés,
soit dans leur propre pays, soit dans les pays
limitrophes (Liban, Jordanie, Syrie). C'est la
Nakba.
1949
On compte 75 000 Palestiniens
exilés en Syrie.
De nouvelles vagues de réfugiés
viendront ultérieurement grossir ce chiffre,
notamment en 1967 (guerre des six jours).
08/12/49
Création
de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des
Nations-Unies), en charge de l'accueil et de
l'aide aux réfugiés. Une institution syrienne
(Autorité générale pour les réfugiés arabes
palestiniens) travaille en renfort de l'UNRWA pour
gérer les questions d'éducation, de santé, de
service social... des nouveaux arrivants.
13 camps de réfugiés sont créés
dans les principales villes syriennes. Ils
regroupent 45 % des réfugiés, les autres se mêlant
à la population autochtone.
1957
Création du camp de Yarmouk,
qui va devenir l'une des plus grandes diasporas
palestiniennes du monde (jusqu'à 160
000 réfugiés, soit un tiers de réfugiés
palestiniens en Syrie, plus quelques dizaines de
milliers de Syriens). Il est situé à 8 km au sud
de Damas.
La
situation des réfugiés palestiniens en Syrie
est, à cette époque, relativement acceptable : mêmes
droits que les citoyens syriens pour l'accès à
la vie sociale et économique, à l'éducation ;
liberté de circulation ; accès au service
national. En revanche, pas d'accès à la
citoyenneté syrienne, ni à la propriété des
terres agricoles.
L'intégration
dans le tissu socio-économique syrien est
d'autant plus rapide que la plupart des camps sont
situés dans ou à la périphérie des grandes
villes.
La « crise » syrienne : chronique d'un désastre
Mars
2011
Début
de l'insurrection syrienne. A Yarmouk, l'opinion générale
est pour la neutralité. Mais les mouvements
politiques se divisent... Le Hamas se rapproche de
la rébellion syrienne. Le Front Populaire de libération
de la Palestine-Commandement général rallie
l'armée syrienne pour combattre les insurgés.
Les autres factions gardent le silence, car
faibles et dépendant du régime. Un certain
nombre de réfugiés rejoint l'Armée Syrienne
Libre.
Le régime syrien,
lorsqu’il se trouvait au abois, n’a pas hésité
à utiliser les organisations palestiniennes qui
lui sont soumises et les slogans d’anti impérialisme
et anti israélien pour se donner une légitimité
auprès des Syriens. Cette politique hasardeuse a
accéléré la précipitation des camps, Yarmouk
en tête, dans la guerre syrienne.
Déc
2012
Des rebelles (Armée Syrienne Libre ; Liwa al-Assifa) s'infiltrent
dans les camps, dont celui de Yarmouk qui subit
son premier bombardement par le régime. La grande
majorité des habitants fuit les combats. Seules
18 000 personnes, les plus démunies, restent dans
le camp.
Été 2013/2015
C'est cette période que documente
le film « Little Palestine » Siège
de Yarmouk par l'armée de Bachar Al-Assad. Le
camp est bombardé. Les habitants manquent de tout
: eau, gaz, électricité, nourriture, médicaments.
181 habitants meurent de faim
pendant le siège qui dure 644 jours.
Des Druzes engagés dans l’armée israélienne font fuiter le soutien
qu’Israël apporte au Jabhat al-Nosra, pourtant
considéré comme terroriste.
Printemps
2015
Des
groupes armés de l'État Islamique prennent le
contrôle d'une grande partie du camp de Yarmouk.
Les combats sont d'une violence inouïe.
2017/18
Contre-offensive du régime
syrien. Le camp de Yarmouk est détruit à 80 %
par l'aviation russe et l'armée syrienne.
Un funeste
bilan
Plus de 4 000 victimes, 1 800 détenus, 330
disparus parmi les réfugiés palestiniens.
Selon l'UNRWA, les 2/3 des 570 000 Palestiniens
présents en Syrie avant 2011 sont aujourd'hui des
déplacés internes (de nombreux habitants de
Yarmouk ont été déplacés vers le nord du
pays), 150 000 auraient quitté la Syrie.
Résolution 194 (III) des Nations-Unies (11/12/1948) :
«
Décide qu'il y a lieu de permettre aux réfugiés
qui le désirent de rentrer dans leur foyer le
plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs
voisins » (préalable rappelé lors de
l'admission d'Israël à l'ONU en 1949)
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