Sommaire     Conférence de Stéphanie Latte ABdallah

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Avec dédicace de son livre

Stéphanie Latte Abdallah

Politiste, historienne, autrice de nombreux ouvrages sur le Moyen - Orient et les sociétés arabes (engagements alternatifs, économie locale en Palestine et au Moyen - Orient, sociétés civiles de Palestine et Jordanie, féminismes islamiques, histoire sociales des réfugiés palestiniens...), elle a livré une analyse impressionnante du vécu palestinien à travers l'horizon carcéral que leur impose la politique israélienne.

 

Elle a rappelé que 40% des hommes palestiniens sont passés par les prisons israéliennes, que près de 1000  prisonniers politiques palestiniens sont condamnés à des peines de plus 20 ans - dont près de 500 à la perpétuité - que les femmes, les étudiants, les enfants dès l'âge de 12 ans connaissent aussi arrestations et mauvais traitements, conditions de détention déplorables, détentions arbitraires  pouvant  durer des années. 

Mais son apport essentiel n'était pas dans la chronique ordinaire de la répression et de l'incarcération, sujets connus d'une partie de l'assistance,  mais bien dans la description d'une société palestinienne chaque jour davantage fracturée par l'effet d'une politique

israélienne globale où la plupart des aspects de la vie quotidienne palestinienne sont régis par des ordres militaires et donc sous contrôle de Tribunaux militaires.

Elle a expliqué l'organisation dans les lieux de détention des prisonniers et leurs modalités de représentation , qu'ils déterminent eux - mêmes, auprès des autorités carcérales, leur organisation par sensibilités politiques, les modalités d'aides financières à leurs familles ou aux anciens prisonniers, souvent  vitales pour les familles - celles qui sont versées par des services relevant de l'Autorité palestinienne étant régulièrement soumises au chantage à la suppression par les gouvernements israéliens.

Elle a donné à voir aussi les conditions d'organisation d'études en prison, les visites familliales et les conditions restrictives, des aspects de la  vie intime de prisonniers (dont les 70 bébés reconnus par les autorités religieuses et civiles palestiniennes, conçus grâce à transmission de leur sperme à leurs épouses à l'insu des gardiens israéliens).

Au delà d'une politique de répression brutale la vision quasi ethnographique de l'enfermement carcéral de toute une société qui s'organise autour de cette évolutions inspire à Stephanie Latte Abdallah une analyse fondamentale  : le système pénal et pénitentiaire imposé par Israël est devenu un moyen majeur de fractionnement et de contrôle fractal de la société palestinienne et des Territoires palestiniens.

Pour le dire selon d'autres mots  : une politique d'apartheid  !

Compte rendu

Christian Rubechi

Voir notre dossier concernant le prisonniers politiques palestiniens

     

  L'horreur, l'indignation et notre combat

On ne peut combattre efficacement un adversaire, ici le régime israélien d’occupation, de colonisation et d’apartheid, que lorsqu’on a appris à le connaître. Au cour de ces deux soirées, Stéphanie Latte Abdallah nous a appris à le connaître au plus profond de certains de ses mécanismes les plus pervers. C’est une contribution majeure dont nous la remercions et nous la félicitons.

Mais lorsque l’on parcourt cette perversité, son histoire et son développement, on pourrait se laisser submerger le sentiment d’un régime d’une grande stabilité que rien n’arrête et rien ne semble pouvoir l’arrêter…

Mais le monde, l’humanité évoluent. Ce que les colonialistes européens, australiens, nord américains on fait ou tenté de faire avec le colonialisme de peuplement au cours du 19° siècle et au début du 20° et le génocide des populations autochtones concernées avec de malheureux « succès » à l’encontre des populations du bush australien ou amérindiennes d’Amérique du Nord, ou  des échecs patents comme la France en Algérie, n’est plus possible aujourd’hui….

Le régime israélien qui avec près de 150 ans de retard cherche à reproduire aujourd’hui ce que l’humanité a condamné définitivement avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et la condamnation de l’apartheid Sud-Africain… se trouve aujourd’hui, face à la Résistance palestinienne et la solidarité des peuples du monde entier,  confronté à la perspective inéluctable de son échec. Il est entré dans un « zone d’instabilité » majeure.

Le jugement de la Cour Européenne des Droits de l’Homme du 20 juin 2020 légalisant la campagne BDS pour les 850 millions d’habitants des 43 pays du Conseil de l’Europe, la décision de la Cour Pénale internationale de procéder à une enquête pour crime de guerre et de crime contre l’humanité dans les territoires palestiniens occupés, la décision de la Cour de Justice Européenne d’obliger la Commission de Bruxelles de publier et valider une Initiative Citoyenne Européenne pour l’interdiction des produits des colonies sur le marché européen, les conséquences de la promulgation de la loi sur l’ « Etat nation du peuple juif » qui amènent les plus grandes organisations internationales, telle que Amnesty International, de qualifier ce régime de régime criminel d’apartheid sont des évènements qu’il était inimaginable de « prévoir raisonnablement » il y a 10 ans… sauf à être accusés « de prendre nos désir pour des réalités »…

Cette « zone d’instabilité » dans laquelle est entré le régime israélien nous met, nous citoyen français et européens devant nos responsabilités : ce régime instable ne tient aujourd’hui que parce les grandes puissances coloniales du Conseil de Sécurité de l’ONU, à la tête desquelles on retrouve les Etats Unis, le Royaume Uni et la France, et l’Union Européenne soutiennent sans condition ce régime criminel qui sans ce soutien s’écroulerai immédiatement.

Cela fixe notre devoir de solidarité pour la défense des droits du peuple palestinien : dépasser le stade de l’indignation pour combattre la politique de complicité de nos gouvernements avec le régime criminel d’occupation, de colonisation et d’apartheid israélien.

   Guy Peterschmitt